L'objectif de cette journée technique organisée par Terinov était d'aborder les risques d'effondrement rocheux sur l'escarpement sud du Causse du Larzac, en présentant les sites expérimentaux instrumentés par Géosciences Montpellier et le Cerema. Dix professionnels issus d'entreprises, d'agences et de laboratoires de l'état, ainsi que de trois élus de municipalités directement concernées se sont réunis pour 1) échanger sur les problématiques de risque et 2) pour présenter des méthodes scientifiques et techniques d'observation, de mesure et de surveillance sur des sites à forts enjeux.
Après la visite de chandelles rocheuses située en base de vallée de la Lergue à Pégairolles de l'Escalette, le groupe s'est déplacé sur l'escarpement du cirque de Labeil. Là, une colonne rocheuse (Dolomie du Bathonien) est séparée du massif par une fissure d'une cinquantaine de centimètres et repose sur des calcaires marneux (sommet du Bajocien), dont l'érosion préférentielle a formé un abri-sous-roche de plus de 2 m de profondeur.
Le suivi de des mouvements de cette colonne rocheuse ont d'abord nécessité la construction d'un modèle numérique très haute résolution en 3D de l'objet, en combinant photogrammétrie et lever scanner (photo ci-dessus).
D'autre part, des extensomètres et clinomètres, disposés dans la fente ouverte, (photo ci dessous) mesurent en continu les variations d'écartement et de basculement. Le suivi montre des cycles ouverture/fermeture quotidiens et annuels infra-millimétriques. Ceux-ci sont en très bonne corrélation avec les variations de températures.
L'après midi était consacrée à l'escarpement du Pas de l'Escalette (photo ci-dessous). Ce site stratégique a connu en 1907 un éboulement géant spectaculaire dont on observe encore la cicatrice dans l'escarpement et les blocs dans le talus (photo de titre).
Aujourd'hui le franchissement de l'A75 représente le plus fort enjeux. L'équipement de la paroi surplombant la sortie des deux tunnels de l'autoroute permet le suivi et la surveillance des panneaux rocheux plus ou moins détachés de l'escarpement. Les mesures effectuée depuis plusieurs années montrent des cycles d'ouverture-fermeture des fissures, avec des comportement sensiblement différents selon les panneaux. Le contrôle thermique sur ces cycles pourait ici être perturbé par des blocs rocheux qui chutent et se bloquent dans la fissure ouverte, empêchant la fermeture (phénomène de reptation thermo-mécanique).
Les très nombreuses questions posées attestent de l'intérêt des élus pour cette problématique avec notamment des implications fortes sur la finesse et la pertinence des plans de prévention des risques qui impactent le développement des communes, ainsi que pour la sécurité des randonneurs et des grimpeurs. Cette journée a été l'occasion de rencontres et d'échanges entre professionnels, scientifiques et décideurs, qui constituent l'ADN de Terinov et qui devraient déboucher sur de fructueuses nouvelles collaborations.